Personne ne sait qui créa l'appellation pèlerins d'Arès, apparue avant qu'un pèlerinage ne s'établît à Arès. Le frère Michel lui-même l'entendit avant de l'utiliser. L'appellation fut probablement tirée du verset 12/9 de la Révélation d'Arès: "...la grande détresse du pèlerin qui apaise le Père." Quant à la mission des pèlerins d'Arès, elle naquit tout aussi spontanément du milieu des lecteurs de la Révélation d'Arès.
Les pèlerins d'Arès peuvent se définir comme des croyants, humanistes, existentialistes, vivant dans le monde, mais qui ne se revendiquent d'aucun dogme, d'aucune appartenance confessionnelle, politique, syndicale, etc. C'est la raison pour laquelle ils se considèrent parfois comme des croyants libres, même si l'expression n'est aujourd'hui plus très clairement comprhensible dans un pays qui a perdu beaucoup de sa culture religieuse.
Ils croient et annoncent simplement que le bien et la transfigurante force qu'il produit viennent de la volonté de l'individu et non des pouvoirs, institutions, lois, politiques, religions, morales ou cultures de masse.
Aucun siège, aucune organisation, aucune association ne représente les pèlerins d'Arès comme tels. Les nombreuses associations créées par des pèlerins d'Arès sont seulement des initiatives ponctuelles libres qui n'engagent que leurs membres; leurs activités diverses (souvent missionnaires, mais aussi philantropiques, humanitaires, etc.) vont toujours dans le sens du bien universel tel que le définit la Révélation d'Arès.
En conséquence, les pèlerins d'Arès n'ont ni chefs, ni dogmes, ni structures, ni obligations, lesquels n'ont jamais rendu un homme bon, et ont tout au plus empêché un certain nombre d'hommes de nuire en les menaçant ou en les punissant. Les pèlerins d'Arès n'entrent dans aucun registre ou fichier, dans aucun programme d'initiation. Ils prient librement dans le souci essentiel de garder en mémoire la Parole qu'il faut "accomplir", le souci de louanger ou supplier étant secondaire et souvent absent. L'autorité que suit un pèlerin d'Arès est sa conscience dans la voie du bien : amour, respect de tous les hommes, pardon, paix, liberté, intelligence spirituelle, et dans la mission de rappeler aux hommes que le bien seul vainc le mal et changera le monde. Le lien qui soude les pèlerins d'Arès est le sens de la vie et la logique d'action découlant naturellement de la Révélation d'Arès. Certains pèlerins d'Arès sont encore des pratiquants catholiques, protestants, juifs, musulmans, dans la mesure où cet engagement n'entrave pas leur liberté d'accomplir au sens où l'entend la Révélation d'Arès.
La foi arésienne n'est pas donc pas de religion, mais de vie spirituelle. La Révélation d'Arès, étant universelle, intéresse la vie sous tous ses aspects. Comme la vie est par nature évolutive, la foi des pèlerins d'Arès est évolutive, ce que n'est jamais la foi religieuse ou sectaire. Même le pèlerinage d'Arès, qui d'ailleurs n'est pas obligatoire et dont le lieu confiné ne pourrait contenir tous les pèlerins d'Arès (de là l'étrangeté de l'appellation pèlerins d'Arès) n'est pas fait dans un esprit religieux, il est fait dans un esprit de regain et d'évolution, étant parfois pour cette raison visité par des incroyants. Plusieurs traits tout à la fois spirituels et rationnels de la foi arésienne sont ainsi difficiles à expliquer s'agissant de femmes et d'hommes dont l'idéal s'inspire d'un livre d'origine exclusivement surnaturelle : la Révélation d'Arès.
La vie d'un pèlerin d'Arès est une oeuvre ininterrompue de sa conscience, de sa volonté et de ses efforts pour se créer bon, et pour persuader d'autres hommes de se créer bons, en chassant le mal au fond de soi, en acquérant l'amour, la vertu, la réflexion, la patience, et la liberté spirituelle absolue sans laquelle l'homme du système ne peut changer en "homme du temps qui vient". Ceux qui ne connaissent pas la Révélation d'Arès comprendront mieux ce qu'est le pèlerin d'Arès si on le compare au croyant traditionnel. Chaque pèlerin d'Arès, amené à être réaliste, a une opinion sur le monde qui l'entoure, mais ne juge pas les hommes, leurs croyances et idéologies. Non seulement il aime et respecte tous les hommes, mais croit que la plupart d'entre eux peuvent contribuer au changement du monde qu'encourage La Révélation d'Arès. Aussi, cette comparaison entre la foi arésienne et la foi religieuse, n'a pas pour objectif de juger mais d'effectuer un parallèle rapide permettant d'expliquer les convictions des pèlerins d'Arès :
D'un côté il y a la foi religieuse traditionnelle. En quoi consiste-t-elle? Elle consiste à rechercher le salut après la mort ou/et à satisfaire à Dieu, ou à une divinité, ou à un fondateur, ou à un texte vénéré, auxquels on ne saurait désobéir sans s'exposer à la perdition, en se pliant à des dogmes, credos, prières et coutumes indéformables, parfois aussi à une autorité.
Le fond et la forme de la foi religieuse ont été décidés une fois pour toute comme si les générations à venir ne seraient faites que de débiles incapable de mieux comprendre et de mieux vivre les sources. La religion est ainsi pessimiste pour la condition humaine; elle enseigne ou sous-entend que l'homme ne peut pas échapper au péché, à l'erreur fatale et au malheur autrement que par la miséricorde dont la religion est l'incontournable médiatrice. Autrement dit, sans religion il est peu probable qu'un humain reçoive quelques faveurs, protection ou miracles ici-bas, et un séjour heureux dans l'au-delà.
D'un autre côté il y a la foi arésienne, qui est à peu près le contraire de la foi religieuse traditionnelle. Plus exactement, la foi arésienne se tire de la Révélation d'Arès, qui n'est pas contradictoire à la Parole antique, mais qui sur des points essentiels rectifie radicalement les interprétations et comportements que les religions ont tirés de cette Parole antique. Notamment, aucun pèlerin d'Arès ne prétend être sauvé parce qu'il a pour source de foi la Révélation d'Arès ("Qui peut savoir qui est sauvé et qui n'est pas sauvé?", dit-elle). Conscient de ses défaillances et péchés, le pèlerin d'Arès se garde de juger qui que ce soit, se réjouit volontiers que d'autres croyants ou incroyants le dépassent en bien, en amour, en pardon, en paix, etc.
"Dans ces conditions, demandent certains, quel avantage y a-t-il à être un pèlerin d'Arès?" Il ne s'agit pas d'un avantage, il s'agit de rejoindre l'avant-garde de la renaissance spirituelle de l'individu et du monde. Vérité, pénitence et liberté forment la triple condition du passage universel du mal au bien, que la Révélation d'Arès appelle "le changement". Il s'agit de dépasser sans violence l'ère des institutions, qui ont toutes atteint leurs limites, pour entrer dans la Voie longue mais finale du salut du monde. Un pèlerin d'Arès ne croit pas qu'un homme, croyant ou non, trouve le bien et donc son salut sans convaincre d'autres hommes à trouver le bien et donc leur salut, et il pense que la Révélation d'Arès montre la Voie la plus cohérente dans cette perspective.
S'efforçant d'acquérir le bien, le pèlerin d'Arès ne se prétend pas supérieur aux autres croyants ou humanistes; il a seulement découvert avant eux les vraies définitions et natures de la force et de la volonté de transformation et de salut. Son humilité est résolument optimiste: "Si moi, un individu ordinaire, je peux devenir bon, beaucoup d'hommes ordinaires sont sûrement déjà bons, et beaucoup d'autres pourront tôt ou tard devenir bons; le monde changera." Optimiste est aussi le Créateur, tel que la Révélation d'Arès le dépeint, qui ne réclame ni credos, ni louanges, ni prières, ni cultes, quoiqu'il n'en refuse aucun, mais qui souhaite que l'humanité, qui a reçu par adoption, pour ainsi dire, son "image et à sa ressemblance" (Genèse), retrouve la spiritualité et la créativité libres qui lui permettront de vaincre le mal et de recréer le monde.
texte adapté du site de Michel Potay, dit frère Michel